Une enquête australienne révèle comment Amazon, Google et Meta exploitent la culture, les données et la créativité pour former l’IA

Publié le 27 novembre 2024 à 08h03
modifié le 27 novembre 2024 à 08h03
Hugo Mollet
Hugo Mollet
Rédacteur en chef pour la rédaction média d'idax, 36 ans et dans l'édition web depuis plus de 18 ans. Passionné par l'IA depuis de nombreuses années.

Une récente enquête en Australie met en lumière les pratiques d’Amazon, Google et Meta, révélant comment ces géants technologiques s’approprient la culture et les données pour façonner des modèles d’IA. Les témoins d’une interrogation parlementaire se sont déclarés consternés face à l’opacité des réponses fournies par ces multinationales. L’utilisation des données personnelles soulève des interrogations éthiques majeures, entachant la confiance des utilisateurs. Un appel urgent à instaurer des lois sur l’IA autonomes émerge, nécessitant une régulation claire et efficace pour protéger les droits des citoyens.

Les pratiques floues des géants technologiques

Une enquête menée par un comité sénatorial australien a mis en lumière les tactiques ambiguës d’entreprises telles qu’Amazon, Google et Meta. Ces multinationales font l’objet de critiques concernant l’utilisation des données australiennes pour entraîner leurs puissants produits d’intelligence artificielle.

Le sénateur Tony Sheldon, président de l’enquête, a exprimé sa frustration face à la réticence des entreprises à répondre à des questions directes sur l’usage des données personnelles des Australiens. Des pratiques jugées opaques ont suscité l’inquiétude du public.

L’accusation de pillage culturel

Sheldon a qualifié ces entreprises de « pirates », affirmant qu’elles « pillagent notre culture, nos données et notre créativité pour leur profit, laissant les Australiens vides ». Ces déclarations s’appuient sur les résultats de l’enquête, qui a révélé une appétence insatiable pour les ressources culturelles locales.

Au cours des auditions, le comportement des représentants d’Amazon, Meta et Google a été comparé à un « tour de magie bon marché », se contentant de gestes vides sans offrir d’explications crédibles.

Regulation et normes

Le rapport a proposé que certains modèles d’IA, comme ceux d’OpenAI, Meta et Google, soient automatiquement placés dans une catégorie de « haut risque ». Cette classification nécessiterait des exigences strictes en matière de transparence et de responsabilité. Un cadre réglementaire à échelle nationale est désormais nécessaire.

Sheldon a recommandé l’élaboration de nouvelles lois sur l’IA afin de maîtriser l’influence des grandes entreprises technologiques. Des modifications aux lois existantes sont également jugées nécessaires pour assurer une protection adéquate des droits des citoyens.

Problématiques de la créativité

Le rapport a également révélé que les travailleurs créatifs font face à des risques bien plus élevés d’impact néfaste de l’IA sur leurs moyens de subsistance. Des mécanismes de rémunération doivent être mis en place pour indemniser les créateurs lorsque leur travail sert de base à des œuvres générées par l’IA.

Les développeurs d’IA doivent impérativement faire preuve de transparence concernant l’utilisation d’œuvres protégées dans leurs ensembles de données. Toute œuvre déclarée devrait être licenciée et rémunérée en conséquence.

Données utilisateur et consentement

Amazon n’a pas fourni d’informations sur l’utilisation des données collectées via ses dispositifs, tels qu’Alexa et Kindle. Pour sa part, Google a également contourné des questions relatives aux données utilisateur exploitées pour entraîner ses modèles d’IA.

Meta, bien qu’ayant reconnu avoir collecté des données d’utilisateurs australiens depuis 2007, n’est pas parvenue à justifier le consentement de ces derniers pour l’utilisation de leurs données à des fins n’existant pas à l’époque.

Réactions politiques et secteurs concernés

Des membres de la coalition parlementaire ont insisté sur le fait que l’IA représentait un défi plus important pour la cybersécurité et les institutions démocratiques que pour le secteur créatif. Ils ont préconisé l’adoption de mécanismes permettant de favoriser le développement technologique sans étouffer les perspectives de création d’emplois.

Le rapport a reçu des réactions mitigées, le parti des Verts dénonçant son absence de recommandations visant à aligner la réglementation australienne sur celle d’autres juridictions, comme l’Europe ou le Royaume-Uni.

Impacts sur l’économie créative

La reconnaissance des effets néfastes de l’IA sur la créativité a suscité des débats intenses. L’organisation Apra Amcos a affirmé que les recommandations du rapport constituaient des « mesures claires » pour atténuer les risques encourus par les travailleurs créatifs.

Les préoccupations évoquées par diverses entités s’articulent autour d’une demande croissante de protection des droits d’auteur et d’une réglementation stricte sur l’utilisation des données personnelles, préconisant un équilibre nécessaire pour préserver la créativité humaine.

La nécessité d’une législation renforcée

Le climat actuel appelle à des lois autonomes sur l’IA pour contrer les abus potentiels des grandes entreprises technologiques. La concentration de pouvoir entre les mains de quelques géants soulève des inquiétudes quant au respect des droits des citoyens et à l’avenir de la diversité culturelle.

Ainsi, le débat sur la régulation de l’IA devient une préoccupation grandissante dans le paysage numérique contemporain, alors que les États s’interrogent sur la meilleure manière de protéger leurs citoyens face à des géants technologiques aux ambitions démesurées.

Foire aux questions courantes sur l’exploitation des données par Amazon, Google et Meta pour l’IA

Comment Amazon, Google et Meta collectent-ils les données des utilisateurs pour former leurs modèles d’IA ?
Ces entreprises collectent des données à partir de divers services qu’elles proposent, telles que des assistants vocaux, des plateformes sociales et des moteurs de recherche, souvent sans exposer clairement aux utilisateurs comment ces données sont utilisées dans le cadre de l’apprentissage des IA.
Quelles sont les principales critiques adressées à Amazon, Google et Meta concernant l’utilisation des données australiennes ?
Ces entreprises ont été critiquées pour leur manque de transparence sur la manière dont elles exploitent les données privées des Australiens pour entraîner leurs IA, menant à des accusations de « piraterie » culturelle et de pillage de la créativité.
Pourquoi est-il important d’avoir des lois spécifiques sur l’IA en Australie ?
Des lois spécifiques sur l’IA sont nécessaires pour protéger les droits des utilisateurs et veiller à ce que les pratiques des grandes entreprises technologiques ne compromettent pas la vie privée ou la créativité des Australiens.
Quelles mesures le rapport de l’enquête recommande-t-il pour les travailleurs créatifs affectés par l’IA ?
Le rapport propose d’établir des mécanismes de compensation pour les travailleurs créatifs lorsque des œuvres générées par l’IA s’appuient sur leur matériel original, et d’assurer la transparence sur les droits d’auteur dans les ensembles de données utilisés pour l’apprentissage de l’IA.
Comment les utilisateurs peuvent-ils se protéger de l’utilisation non consenti de leurs données par ces entreprises ?
Les utilisateurs peuvent garder un œil sur les paramètres de confidentialité de leurs comptes et se désinscrire des services qui utilisent leurs données d’une manière qu’ils jugent inacceptable, bien que cela puisse s’avérer limité dans le cadre des politiques des grandes entreprises.
Quels risques l’enquête identifie-t-elle pour les professionels créatifs en lien avec l’IA ?
Le rapport souligne que les professionnels créatifs sont exposés à des risques imminents quant à leur emploi, en raison de l’impact de l’IA sur la demande de travail manuel et créatif, ce qui pourrait nuire à leurs sources de revenus.
Meta a-t-il admis collecter des données auprès des utilisateurs pour ses IA sur Facebook et Instagram ?
Oui, Meta a reconnu avoir utilisé les données de ses utilisateurs sur Facebook et Instagram, collectées depuis 2007, pour optimiser ses futurs modèles d’IA, mais n’a pas pu clarifier le consentement des utilisateurs pour ces usages rétrospectifs.
Quels sont les défis liés à la transparence des données utilisées par ces entreprises pour l’IA ?
Le principal défi est le manque de clarté et de communication des entreprises sur l’origine des données utilisées pour l’apprentissage de l’IA, ce qui complique la compréhension pour les consommateurs et augmente les préoccupations sur la vie privée et l’éthique.

Hugo Mollet
Hugo Mollet
Rédacteur en chef pour la rédaction média d'idax, 36 ans et dans l'édition web depuis plus de 18 ans. Passionné par l'IA depuis de nombreuses années.
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