Quel est le prix réel de l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle comme ChatGPT et Gemini ?

Publié le 8 novembre 2024 à 12h02
modifié le 8 novembre 2024 à 12h02
Hugo Mollet
Hugo Mollet
Rédacteur en chef pour la rédaction média d'idax, 36 ans et dans l'édition web depuis plus de 18 ans. Passionné par l'IA depuis de nombreuses années.

L’émergence fulgurante des modèles d’intelligence artificielle tels que ChatGPT et Gemini soulève des interrogations fondamentales sur leur coût réel d’entraînement. Les récents progrès technologiques s’accompagnent de dépenses faramineuses et d’une empreinte écologique préoccupante. Diriger cette réflexion implique une analyse minutieuse des enjeux financiers, où les estimations se chiffrent en millions, voire en milliards de dollars. La nécessité d’optimiser ces ressources se fait pressante face à des défis environnementaux croissants, impliquant à la fois des technologies innovantes et des pratiques durables.

L’entraînement des modèles d’IA : un coût exponentiel

Les frais liés à l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle, tels que ChatGPT et Gemini, connaissent une fulgurante augmentation. Les premières générations de ces modèles réclamaient des investissements de quelques millions de dollars. Aujourd’hui, ces sommes ont explosé, atteignant des centaines de millions, voire des milliards pour les modèles à venir.

Selon une estimation de Dario Amodei, PDG de Cohere, le coût d’entraînement actuel s’élève à 100 millions de dollars. Certains modèles en développement pourraient coûter jusqu’à un milliard de dollars. Amodei prédit que les dépenses pourraient atteindre des sommets vertigineux, se chiffrant entre dix et cent milliards de dollars dans un avenir proche.

Une étude de Epoch AI souligne que les coûts d’entraînement des modèles d’intelligence artificielle ont augmenté à un rythme impressionnant. Depuis 2016, ces coûts augmentent d’un facteur de 2,4 fois par an. Cette inflation des prix pourrait bouter hors de jeu les entreprises aux moyens limités.

Coûts de formation spécifiques des modèles IA

Le coût d’entraînement du modèle GPT-4, introduit par OpenAI en 2023, est évalué à plus de 100 millions de dollars. En parallèle, l’entraînement du modèle Gemini 1 aurait nécessité de la part de Google un investissement de près de 191 millions de dollars. Ces chiffres incluent l’acquisition de GPU, dont le prix unitaire oscille entre 30 000 et 40 000 dollars, ainsi que les frais d’infrastructure cloud.

Les implications financières et la bulle de l’IA

David Cahn, analyste chez Sequoia Capital, met en garde contre le risque d’une bulle financière. Pour équilibrer les investissements dans le secteur, les grandes entreprises doivent générer environ 600 milliards de dollars de revenus annuels. En supposant qu’elles réalisent chacune 10 milliards de dollars via l’intelligence artificielle, un écart de 500 milliards de dollars subsisterait à combler.

Les coûts colossaux engendrent une pression accrue sur les entreprises, qui doivent explorer des techniques d’optimisation pour réduire les durées de formation des modèles. La méthode JEST, développée par Google Deepmind, pourrait réduire les calculs nécessaires jusqu’à dix fois.

Impact environnemental et consommation énergétique

Les préoccupations relatives à l’impact environnemental de l’entraînement des modèles d’IA s’intensifient. La consommation énergétique repose sur des besoins immenses, requérant des solutions de refroidissement innovantes pour prévenir la surchauffe des serveurs. Le supercalculateur Jean Zay, implanté en France, utilise un système de refroidissement à eau, réutilisant l’eau chauffée pour les logements environnants.

Par ailleurs, l’empreinte hydrique représente un défi souvent sous-estimé. Une étude américaine indique que poser de 20 à 50 questions à GPT-3 consomme un volume d’eau équivalent à une bouteille de 50 cl destinée au refroidissement des serveurs. Cette consommation pourrait atteindre 4 à 6,5 milliards de mètres cubes d’eau douce d’ici 2027, soit un prélèvement considérable comparable à celui du Danemark.

Initiatives pour une meilleure durabilité

Face à cette problématique, certaines entreprises, comme Microsoft, adoptent de nouvelles stratégies énergétiques. En 2024, le géant technologique a signé un accord visant à réactiver la centrale nucléaire de Three Mile Island pour alimenter ses datacenters d’ici 2028. Cette décision suscite des débats, car elle survient alors que Microsoft oeuvre pour réduire ses émissions de CO2.

Réguler l’IA pour un avenir durable

Les acteurs du secteur s’efforcent d’établir des pratiques durables pour l’entraînement des modèles d’IA. Des solutions telles que le refroidissement par eau, innovées par Atos, contribuent à limiter la consommation d’eau tout en maintenant une efficacité énergétique. Cette technique pourrait réduire les coûts énergétiques de façon significative, de l’ordre de 20 à 30 %.

Un décret récemment signé par le président américain Joe Biden vise à faciliter l’accès aux ressources pour les chercheurs, afin d’éviter une concentration des développements de l’IA entre les mains de quelques entreprises. Une transparence accrue sur l’empreinte carbone et hydrique des modèles d’IA pourrait émerger, favorisant une démarche plus responsable.

Les enjeux liés à la consommation d’énergie, à l’empreinte hydrique et aux surcoûts demeurent prégnants dans la quête d’un équilibre entre innovation technologique et développement durable, plaçant le secteur au cœur d’un débat nécessaire.

Foire aux questions courantes

Quel est le coût d’entraînement d’un modèle d’IA comme ChatGPT ?
Le coût d’entraînement d’un modèle comme ChatGPT est estimé à plus de 100 millions de dollars, en raison des besoins en matériel et en infrastructures cloud.
Pourquoi le coût de l’entraînement des modèles d’IA a-t-il autant augmenté ces dernières années ?
La hausse du coût s’explique par l’augmentation des exigences en matière de puissance de calcul, notamment l’utilisation de GPU coûteux et l’inflation des coûts des infrastructures.
Quel est l’impact environnemental associé à l’entraînement de modèles comme Gemini ?
L’entraînement de modèles comme Gemini a un impact environnemental significatif, avec une consommation énergétique élevée et une empreinte hydrique préoccupante, pouvant atteindre plusieurs milliards de mètres cubes d’eau douce d’ici quelques années.
Comment les entreprises tentent-elles de réduire les coûts d’entraînement des IA ?
Les entreprises explorent des techniques d’optimisation, comme la méthode JEST de Google, qui pourrait réduire les calculs nécessaires jusqu’à dix fois, ainsi que des méthodes de refroidissement plus efficaces.
Quels sont les coûts inclus dans l’entraînement d’un modèle d’IA ?
Les coûts d’entraînement incluent l’achat de matériel comme les GPU, les frais liés aux infrastructures cloud, et d’autres dépenses opérationnelles comme l’énergie et le refroidissement des serveurs.
Y a-t-il une bulle financière autour des investissements en IA ?
Certains analystes, comme David Cahn, mettent en garde contre un potentiel creux financier, soulignant que les grandes entreprises doivent générer des revenus substantiels pour équilibrer leurs investissements.
Les coûts d’entraînement des modèles IA sont-ils transparents ?
Souvent, les coûts d’entraînement ne sont pas partagés publiquement par les entreprises, ce qui rend difficile d’obtenir une image complète des dépenses réelles.
Quels modèles d’IA coûtent le plus cher à entraîner actuellement ?
Des modèles récents comme GPT-4 et Gemini 1 figurent parmi les plus coûteux, avec des estimations dépassant les 100 millions de dollars pour le premier et près de 191 millions pour le second.
Peut-on mesurer l’impact carbone d’un entraînement d’IA ?
Oui, des études ont montré que la formation d’un modèle comme GPT-3 a libéré l’équivalent de 502 tonnes de CO2, soulignant l’importance de considérer l’empreinte carbone des modèles d’IA.
Quelles initiatives sont prises pour rendre l’entraînement d’IA plus durable ?
Des initiatives incluent des recherches sur des méthodes de refroidissement plus efficaces et des efforts pour diversifier les sources d’énergie utilisées lors de l’entraînement des modèles.

Hugo Mollet
Hugo Mollet
Rédacteur en chef pour la rédaction média d'idax, 36 ans et dans l'édition web depuis plus de 18 ans. Passionné par l'IA depuis de nombreuses années.
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